Gian Pietro, jeune paysan, revient au village après trois ans de service militaire, habité d’une nouvelle conscience sociale. Très vite, il refuse le dur labeur des champs et l’exploitation et l’arrogance du pouvoir, incarné par le métayer, la police et l’armée. Il tente alors de fomenter la révolte auprès des paysans. Leur travail harassant et leurs conditions de vie dans les campagnes de l’Italie du nord sont décrits d’une façon naturaliste, qui n’est pas sans évoquer Zola, et à la fois sur un ton poétique saisissant. Si Esprit rebelle fait écho aux révoltes paysannes qui fermentent à la fin du XIXe siècle dans les plaines padanes et aboutiront, quelques décennies plus tard, aux luttes des ‘mondines’, travailleuses des rizières, pour la journée de huit heures, il fait écho, aussi, à des révoltes populaires spontanées bien plus récentes

Gian Pietro Lucini (1867-1914) est un poète, écrivain et critique littéraire italien. Il est considéré comme un précurseur des avant-gardes poétiques. Son recueil de poésies le plus célèbre, Revolverate, a été publié par Marinetti en 1909, puis redécouvert et publié en édition critique par Edoardo Sanguineti (1974). Anarchiste et anti-bourgeois, Lucini s’est distingué pour ses positions contre la monarchie, l’Église et l’armée, qui lui ont valu des poursuites pour antimilitarisme. Esprit rebelle (Spirito ribelle, 1888) est un long récit de jeunesse.

Christophe Mileschi est professeur en études italiennes à l’Université Paris Nanterre, traducteur, écrivain. Il a traduit quelques dizaines de livres de l’italien (Campana, Pasolini, Moravia, Léonard de Vinci, Meneghello, Gangemi, Bramante, Manganelli, Celestini, Manzoni, Buzzelli, Busellato, Calvino, Griffi…).

Postface d’Andrea D’Urso, enseignant-chercheur à l’Université de Sassari et spécialiste de Gian Pietro Lucini.

À paraître : mars 2025